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Trois crues à répétition, travaux d’urgence sur l’Isère
Article de journal
A Meylan en amont de Grenoble, la digue en terre entre l’Isère et le lac de la Taillat a subi d’importants dégâts. Le confortement d’urgence, décidé par le Symbhi, a nécessité plus de 9000 m3 d’enrochements.
Vaste plan d’eau artificiel enserré dans une boucle de l’Isère, le lac de la Taillat résulte d’une ancienne gravière, liée à la construction de l’autoroute (A41) voisin. « Après l’arrêt des extractions, le plan d’eau est resté. Le site a ensuite été identifié comme intéressant au plan environnemental et il est devenu un espace naturel sensible, géré par la commune de Meylan », explique Patrick Argentier, du Syndicat Mixte des Bassins Hydrauliques de l'Isère (SYMBHI). Le lac est situé dans un des derniers méandres de l’Isère avant Grenoble. La digue longue de 2 kilomètres a été fortement endommagée par les dernières crues de novembre et décembre. D’importants travaux de confortement ont dû être menés, à partir de janvier. 9000 m3 d’enrochements ont ainsi été mis en place, pour un coût global de 700.000 euros.
Trois crues successives
A trois reprises, l’eau de l’Isère est venue plus que taquiner la digue en terre. C’étaient les 14 - 15 novembre 2023, puis le 1er décembre et les 11- 12 décembre. « Le phénomène initiateur de la première crue était un épisode de neige en montagne suivi d’un redoux très marqué et de fortes pluies en amont. C’est assez classique, ce qui l’est moins, c’est d’avoir eu trois crues aussi rapprochées, dont la première était d’un débit important. Plus de 1000 m3 par seconde, cela n’était pas arrivé de tout le 20ème siècle sur le territoire grenoblois », raconte Patrick Argentier. Heureusement la puissance du débit n’a pas entraîné de dommages et d’inondations notables sur les secteurs urbanisés de la métropole de Grenoble, grâce notamment aux aménagements réalisés entre 2011 et 2022 (Projet Isère Amont). Par contre, la digue en terre non classée du lac de la Taillat, qui prolonge l’endiguement Isère Amont sur son aval, s’est fortement érodée, créant un risque de reprise de l’Isère par le plan d’eau.
Le lac de la Taillat et l'Isère le 15 novembre 2023 (crédit : Symbhi)
Digue de la Taillat
Dès la première la crue, la digue de la Taillat avait fait l’objet d’une surveillance, comme sur les autres tronçons bordant l’Isère, principalement en voiture et sans vigilance particulière sur ce secteur précis, du fait qu’il n’y a pas d’enjeux sensibles à proximité. « A cette période de l’année, nous sommes organisés en régime d’astreinte. Une équipe de terrain en binôme surveille les ouvrages. Des coordinateurs, pour être précis des coordinatrices cet hiver, assuraient le relais et la coordination : remontée des informations, suivi de la météo en direct …» explique Patrick Argentier.
La digue, dont les talus sont entretenus par fauchage, est équipée de quatre buses qui permettent, à partir d’un certain niveau de crue (retour supérieur à 5 ans), d’assurer un équilibre entre l’Isère et le plan d’eau, via un déversement automatique d’une partie du débit de l’Isère dans le lac. Rien de particulièrement sensible, mais l’équilibre a été dépassé quand la crue s’est rapprochée de son pic et que l’Isère a surversé, par dessus la digue. Les dégâts se sont produits à la décrue.
Talus amont (crédit : Symbhi)
« En amont du lac, les matériaux du talus côté Isère, limoneux et saturés d’eau, se sont effondrés lors de la décrue », explique Patrick Argentier. Des grandes fissures sont apparues dans le talus, puis celui-ci « a glissé dans la rivière, sur 250 mètres. Par endroits, le talus est devenu vertical ». A l’aval, l’eau du lac s’est déversée dans l’Isère par-dessus la digue et le talus limoneux a été complétement emporté : on parle d’un phénomène de « reverse », sur 150 mètres environ.
Procédure d’urgence
« Le gros risque, c’était celui d’une capture de l’Isère par le plan d’eau. Cela aurait modifié le profil en long de l’Isère, entraîné des transports sédimentaires et un risque d’érosion régressive en amont, au niveau du système d’endiguement », explique Patrick Argentier. Même si ce risque n’était pas considéré comme revêtant un niveau d’urgence absolue, il justifiait, selon le SYMBHI, de lancer une procédure de travaux d’urgence, pour conforter la digue.
Les grandes lignes du confortement à effectuer ont été définies par le SYMBHI : une reprise complète du talus effondré, par des enrochements. Une fois l’avant-projet élaboré, le syndicat mixte a adressé une note aux services déconcentrés de l’Etat (DDT), pour demander une autorisation de travaux d’urgence, conformément aux dispositions du Code de l’Environnement. Un géomètre a été missionné, pour disposer de relevés topographiques et bathymétriques précis permettant de définir au mieux la protection en enrochements nécessaire. Les deux crues supplémentaires sont intervenues avant que les travaux débutent, heureusement sans dommage supplémentaire.
Talus aval, digue de la Taillat (crédit : Symbhi)
Confortement et concertation
Le calibrage retenu pour les enrochements représente entre 22 et 25 m3 par mètre de linéaire, sur 400 mètres, dont 250 en amont. Les travaux ont débuté fin janvier : abattage préalable d’une partie des arbres, en concertation avec la commune de Meylan, gestionnaire du plan d’eau. Les enrochements ont été disposés d’abord sur l’amont, puis sur l’aval. « La partie amont est terminée depuis mars, quant à la partie aval, elle sera terminée en avril », précisait Patrick Argentier fin mars. Une seconde phase de travaux devra toutefois être organisée, pour aménager deux déversoirs, en amont et en aval. Quant à un éventuel classement du plan d’eau en aménagement hydraulique, ou de la digue au sein du système Amont Isère, ces options n’ont pas encore été discutées.
Le Lac de la Taillat en décembre 2023 (crédit : Symbhi)
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Sources :
Le Symbhi et :
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