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Sur la Durance, le SMAVD réduit le risque de capture

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illustration Sur la Durance, le SMAVD réduit le risque de capture

En bord de Durance à Mallemort, une ex-gravière devenue plan d’eau protégé par une digue, crée un risque de capture du cours d’eau en cas de brèche. Le SMAVD est à la manœuvre pour réduire ce risque.
 

Photo : Travaux de recul et d’abaissement d'un épi de la digue des Carriers (crédit SMAVD)


Sur la commune de Mallemort, en rive gauche de la Durance face au Luberon, se trouve une ancienne gravière porteuse de risques. Elle est située derrière une digue longue de plusieurs kilomètres et cinq épis de protection. Ces ouvrages sont en cours de restructuration dans le cadre d’une autorisation de système d’endiguement avec travaux. « Ils ont été construits dans les années 70 quand l’Etat a organisé l’extraction des graviers dans le lit de la rivière », contextualise Bertrand Jacopin, Directeur Etudes et Travaux au syndicat mixte d’aménagement de la vallée de la Durance (SMAVD). Tandis que les anciennes souilles d’extraction en rivière ont été capturées par les crues de 1994, l’activité d’extraction s’est déplacée dans le lit majeur, avant de devenir un vaste plan d’eau de 21 hectares et de 10 mètres de profondeur. Il en découle un risque pris très au sérieux par le syndicat : « si la digue existante venait à rompre, le plan d’eau capturerait la rivière. L’aspiration des sédiments de la Durance par le plan d’eau aurait alors des conséquences sur le fonctionnement de la rivière sur près de 20 km et génèrerait une catastrophe écologique», explique Bertrand Jacopin.

L’ouvrage de protection
Appelé digue des Carriers bien qu’il n’y ait pas d’ouvrage classé, l’ensemble est constitué d’une digue principale de 3200 mètres de long, parallèle à l’axe du lit mineur de la Durance, d’une digue amont dont l’axe « est sensiblement perpendiculaire à l’axe de la rivière », indique le résumé non technique de l’étude d’impact des travaux. Ces ouvrages sont complétés par 5 épis de protection, de 50 à 200 mètres linéaires, ancrés perpendiculairement dans la digue et qui séparent les anciennes souilles d’extraction. Ces anciennes gravières font partie d’un site plus vaste encore en exploitation, géré par l’industriel Lafarge.

 

Crédit photo : SMAVD

 

Niveau de sureté amélioré
Les travaux, qui ont débuté à l’été 2023, consistent principalement à diminuer les impacts hydrauliques des épis qui généraient jusqu’ici une rehausse importante des lignes d’eau en crue : reculer des têtes des épis, abaissement et confortement. Ces interventions permettent de garantir une revanche confortable avant surverse sur la digue principale. Celle-ci fait l’objet de travaux limités : travail sur les pentes des talus et mise en place de dispositifs de filtration. Le risque de brèche sera ainsi maîtrisé pour la crue centennale et il sera très faible jusqu’à la crue exceptionnelle. Le niveau de protection n’a pas été modifié, par contre, le niveau de sureté, celui où ça casse, a été amélioré. « Au-delà d’une crue centennale, on ne garantit pas l’absence d’entrée d’eau vers l’ancienne gravière, mais celle-ci passera sur des portions de digues renforcées aux déversements », explique Bertrand Jacopin.

Enjeux humains et écologiques
Ce chantier à 2,5 millions d’euros ne vise pas à protéger le site d’extraction encore en activité, puisqu’il est situé plus en amont et en retrait de la Durance. Il a deux principaux enjeux. Le premier est humain : une petite quarantaine de personnes seront protégées en cas de crue centennale. Les effets de l’ouvrage sur l’abaissement des niveaux dans la plaine se feront aussi sentir jusqu’à la commune voisine de Sénas. Le second enjeu est de préserver l’hydro-morphologie de la Durance. En cas de capture d’eau de la rivière suite à une brèche centennale, le risque serait de voir aspirer dans le plan d’eau une quantité incontrôlable de sédiments. Cette aspiration perturberait la morphologie en tresses de la rivière, avec des incidences fortes sur les milieux aquatiques comme sur la nappe. La capture d’eau entraînerait aussi des érosions « régressive et progressive » dans la rivière, en amont et en aval vers Cavaillon.

 

Vue panoramique de la Durance et du plan d'eau (crédit SMAVD)

 

Délais et études
Quatre années d’études techniques et environnementales, c’est le temps qu’il aura fallu avant les travaux. Un délai qui n’est pas particulièrement long, au vu des études et des précautions qu’il fallait mener, du fait que les travaux se déroulent sur une zone Natura 2000. Requise par la réglementation, l’étude d’impact sur les atteintes potentielles à la biodiversité a été soumise pour avis à la mission régionale d’autorité environnementale. « Nous avons un coordinateur environnement, qui assure le suivi du chantier, en particulier les aspects liés aux espèces protégées ou encore aux espèces invasives, comme les robiniers », précise Bertrand Jacopin. Outre les études environnementales, une enquête publique a été conduite à l’été 2022. Au plan technique il a bien sûr fallu une étude avant-projet et, pour régulariser les ouvrages en système de classe C, une étude de dangers (EDD). L’arrêté préfectoral d’autorisation et de classement a été publié en octobre 2022, suite au dépôt du dossier en février 2021.

Co-financements
Cette réfection de la digue des Carriers et la restauration hydromorphologique associée ont pu être financées grâce à des fonds provenant du Département des Bouches du Rhône, de l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse, de la Région Provence Alpes Côte d’Azur, d’EDF et de la Métropole Aix-Marseille-Provence, à laquelle est rattachée la commune Mallemort. Pourquoi EDF ? L’explication réside dans les aménagements historiques conduits sur la Durance amont par l’électricien, en particulier à Serre-Ponçon. A l’époque, une enveloppe annuelle de 150.000 euros pour la prévention des inondations en basse Durance avait été négociée. Un complément modeste, mais toujours utile.

Quant aux derniers travaux, qui préfigureront le passage de la véloroute « La Durance à Vélo » passant sur l’emblématique pont de Mallemort, ils auront été terminés avant la fin de l’année 2023.

 

Sources :

Entretien avec Bertrand Jacopin.

https://www.smavd.org/la-durance-a-mallemort-apres-les-etudes-le-temps-des-travaux-a-lete-2023/

https://www.laprovence.com/article/region/4022323820876715/mallemort-un-chantier-aux-portees-ecologiques-en-durance

 

Retrouvez également une présentation de ce projet dans la newsletter du mois de décembre 2023 du groupe de travail "Digues" du club européen de la Commission internationale des grands barrages (Levees and Flood Defences - Working Group of the European Club of ICOL ) : https://lfd-eurcold.inrae.fr/index.php/wg-newsletter/ (article en anglais)

 

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