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Quartier Libération à Rochefort : nouveau système d’endiguement urbain
Article de journal
Prévu en bord de Charente sur plus d’un kilomètre, le futur système d’endiguement est dimensionné pour un aléa de niveau « Xynthia + 20 cm ». D’autres endiguements suivront sur la communauté d’agglomération.
crédit photos : CARO et Le Champ du Platane
Situé à proximité immédiate du port de commerce, le futur système d’endiguement Rochefort Libération vise à protéger 1300 personnes, ainsi que des établissements d’entreprises. L’endiguement passera par le chenal du port, qui voit transiter des bateaux d’une centaine de mètres de longueur. Il sera principalement constitué d’un muret matricé d’un mètre de hauteur et d’un remblai en argile, complétés par des batardeaux pour les points d’accès à l’eau et aux pistes cyclable et piétonne. « Le tracé définitif relève d’un compromis entre les aspects techniques liés à la protection contre les inondations et les impératifs paysagers. Il y a eu un gros travail de concertation avec les services des sites classés », explique Olivier Fouquet, chargé de mission Prévention des Inondations à la communauté d’agglomération Rochefort Océan (CARO). Le début des travaux est prévu pour l’automne 2024, le temps pour l’UNIMA (syndicat mixte en charge des marais de la région), maître d’œuvre du projet, de désigner les entreprises de travaux et de préparer le chantier. Quant à l’enquête publique réglementaire, elle s’est terminée en février.
Alignement des platanes en bord de Charente (crédit : CARO)
Modifications en site classé
Les discussions avec les services de l’Etat ont modifié substantiellement le tracé de départ. Dans le projet initial, conçu en 2016, il était question d’araser les platanes présents en bord de quai. Impossible, a jugé l’inspection des sites classés. Elle a été entendue et les arbres seront finalement préservés, tout comme l’aspect paysager du site. Quant au muret principal, son emplacement a été modifié, puisqu’il sera construit en retrait des quais. Ces changements impliqueront de requalifier l’espace public qui passe sur l’écluse du port et longe la Charente. Coût prévu des travaux, 6,7 millions d’euros au total, pour une durée d’un an et demi.
Zone de protection du futur système (crédit : Unima EDD)
Plus de dix systèmes
Situé en bord de Charente, la ville de Rochefort (23.000 habitants) fait partie des territoires dits à risque d’inondation et des communes qui ont été frappées en 2010 par la tempête Xynthia. A l’époque, l’eau avait «pénétré jusqu'à 60 centimètres de hauteur dans plusieurs dizaines de bâtiments », rappelle le quotidien Sud Ouest. A la suite de la tempête, une stratégie de protection a été actée pour tout l’estuaire, avec un programme d’action (PAPI) dédié et un objectif de protection : le niveau de Xynthia plus 20 centimètres.
Si ces décisions ont été prises entre 2012 et 2014, ce n’est que depuis 2018 que la communauté d’agglomération de Rochefort, la CARO, a repris la compétence de gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi). Depuis, elle délègue la maîtrise d’ouvrage des travaux « PI » au département de la Charente-Maritime. Le service Gemapi de la CARO est constitué, pour le moment, d’un seul agent territorial. Les enjeux PI sont nombreux, comme en témoigne le nombre de programmes PAPI qui touchent la CARO, trois au total et les systèmes d’endiguement prévus. A terme, la CARO prévoit 11 à 12 systèmes déclarés, pour 55 km d’ouvrages et/ou digues le long de la Charente et sur le littoral. Trois de ces systèmes sont déjà régularisés administrativement, dont celui de Fouras, où des travaux sont prévus pour 2025.
Quant au dossier d’autorisation du système Rochefort Libération, il était encore en instruction en mars 2024, soit plus d’un an après son dépôt. Il est particulièrement volumineux, incluant une déclaration d’intérêt général (D.I.G.) et une déclaration d’utilité publique (D.U.P.). L’Etude de Dangers (EDD) a été réalisée par l’union des marais de la Charente maritime (UNIMA), maitre d’œuvre.
La Charente au quartier Libération - Crédit photo : CARO
Extrêmes climatiques
A Rochefort, le futur système est donc conçu pour assurer une protection contre un événement de niveau « Xynthia + 20 cm ». « Cela correspond à une occurrence de plus de 100 ans, estimée à 340 ans dans l’EDD» précise Olivier Fouquet. Pour ce type d’aléa très rare, la période de retour est difficile à évaluer, car les données historiques sont insuffisantes ou imprécises. C’est ce qu’avait signalé l’Etude de dangers : « Les études et analyses menées suite à la tempête Xynthia ont mis en évidence la difficulté de caractériser la période de retour de ces phénomènes, notamment au regard du manque de retour d’expérience pour de tels événements et de la faible chronique de données du marégraphe de La Rochelle-La Pallice (environ 40 ans selon le Système d’Observation du Niveau des Eaux Littorales), référence du secteur des pertuis charentais ».
D’ici 2050, la période de retour de ces submersions extrêmes pourrait bien avoir changé, suite à l’élévation du niveau de la mer. Une nouvelle stratégie de protection aura probablement été actée entre-temps par les élus, pour l’estuaire de la Charente. Un train d’adaptation peut en cacher un autre.
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Sources :
Entretien avec Olivier Fouquet et :
https://www.ville-rochefort.fr/prevention-des-inondations-enquete-publique-digue-rochefort
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