Actualités
Normandie : érosion n’est pas submersion
Article de journal
A Jullouville, dans la Manche, l’association syndicale autorisée de défense contre la mer de Jullouville Nord entretient une digue devant ses habitations. Destinée à lutter contre l’érosion, elle ne fera probablement pas partie des futurs systèmes d’endiguement.
Crédit photo : Ouest France
Dans la Manche, les propriétaires des résidences situées en bordure du littoral se regroupent parfois en associations syndicales autorisées (ASA), ce qui leur permet de co-financer des défenses communes contre l’érosion. A Jullouville, station balnéaire faisant partie de la Communauté de Communes Granville Terre et Mer, l’une de ces associations entretient une digue enrochement longue de 770m. L’entretien se fait par phases successives depuis 1990, comme le raconte le quotidien Ouest France.
A l’occasion de travaux récents, Ouest France a interviewé le président de l’ASA de défense contre la mer de Jullouville Nord :
« Notre association, comptant aujourd’hui 130 propriétaires, a été créée en 1985, en prévision de la construction de cette digue enrochement de 770 m » explique-t-il. « Cinq tranches principales de travaux, sur 100 à 200 m à chaque fois, ont été menées de 1990 à 2002. Une 6e tranche de finition aurait dû être réalisée en 2005 mais l’association a rencontré des difficultés ».
Pas toujours facile, en effet, pour les ASA, de rassembler les financements nécessaires à l’entretien de leurs digues. Au printemps 2020, des travaux ont finalement pu avoir lieu, malgré le confinement, sur la partie haute constituant la promenade de bord de mer. Ces travaux avaient obtenu le soutien de la mairie, comme l’explique le maire de Jullouville, qui a sollicité une subvention au titre de la dotation d’équipements des territoires ruraux (DETR) :
« Nous avons mis à profit ces travaux pour effectuer, au plus vite, avant la grande marée, la pose d’un enrobé : cela permettra une promenade en toute sécurité des personnes âgées ou à mobilité réduite ».
La communauté de communes Granville Terre et Mer détient la compétence GEMAPI. Aurait-elle pu co-financer l’entretien d’une telle digue ? Dans les conditions actuelles c’est impossible, comme nous l’explique Emmanuel Bulot, chargé de mission GEMAPI, eau et assainissement. Pour trois raisons : « D’une part cette digue n’est pas classée au titre de la protection contre les submersions. D’autre part les ASA du territoire sont opérationnelles, leur fonctionnement ainsi que leur financement sont efficaces. Enfin, la communauté de communes n’exerce pas la compétence de gestion du trait de côte ou lutte contre l’érosion dans sa récente compétence GEMAPI, préférant s’attacher prioritairement à l’essentiel du volet PI, c’est-à-dire l’autorisation et la gestion de systèmes d’endiguement ».
Et à l’avenir, pourrait-il être intégré à un système d’endiguement ? Cela semble peu probable et difficile à mettre en œuvre. D’après les conclusions de l’étude de préfiguration des systèmes d’endiguement réalisée pour le compte du bloc communal en 2019 et financé à 50% par les fonds européens LEADER, un système d’endiguement pourrait être autorisé à proximité, sous réserve de travaux importants à l’embouchure du petit fleuve côtier afin de protéger les habitations en zone basse à proximité de celui-ci. Toutefois, l’ouvrage de front de mer, géré par l’ASA ne serait pas un de ses ouvrages constitutifs, à moins qu’il le soit au titre d’ouvrage annexe.
Alors que faire pour les riverains ? Les ASA peuvent poursuivre leurs actions tout en prévoyant une probable augmentation des frais d’entretien et de renouvellement de leurs ouvrages en parallèle de l’élévation du niveau des océans et de l’augmentation des dommages liées aux tempêtes. Plus largement, les territoires littoraux pourraient s’appuyer sur les propositions du rapport interministériel « Quel littoral pour demain ? Vers un nouvel aménagement des territoires côtiers adapté au changement climatique ». Piloté par le député de la Vendée Stéphane Buchou, ce rapport a été remis en octobre 2019 au gouvernement. Il dresse 15 propositions qui sont autant de solutions pour faire face à l’érosion du traît de côte.
Sources :
Complété par un entretien avec la communauté de communes.
Contributeur
Structure
Licence
Ces informations sont mises à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.
Commenter
S'inscrire ou se connecter pour laisser un commentaire.