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« La mission RDI est le premier contact des syndicats gémapiens en période de crise »
Article de journal
En octobre 2024, le département du Rhône a connu des crues exceptionnelles, en particulier sur le bassin versant du Gier. C’est l’occasion de revenir sur la mission Référent départemental Inondation (RDI). Comment s’est-elle mobilisée ? Explications de Cécile Jouin, de la DDT du Rhône.
Crédit photo : Lyon Drone Service pour le Syndicat mixte du Gier Rhodanien
Cécile Jouin est Responsable de l'unité prévention des risques naturels (PRN) à la Direction Départementale des Territoires (DDT) au sein du Service Eau, Nature et Risques. Son éclairage complète notre article publié en novembre sur les missions RDI en France.
Lors d’une crise inondation, à quel moment intervient la mission RDI ?
Cécile Jouin. De manière générale, la mission RDI intervient dès qu’un tronçon de cours d’eau est placé en vigilance jaune par les prévisionnistes de Vigicrues. L’Unité Prévention des Risques Naturels (PRN) de la DDT (1) élabore alors des bulletins appelés « points crue », pour traduire les données fournies par le service de prévision des crues en termes d’enjeux locaux potentiellement impactés par l’inondation : population, activités économiques, sites sensibles... Ces « points crue » sont destinés aux gestionnaires de crise et notamment au service interministériel de défense et de protection civile de la préfecture. Ils sont établis à chaque mise à jour du bulletin élaboré par le service de prévision des crues.
Autour du 17 octobre, le département du Rhône a connu des inondations intenses. Comment avez-vous agi ?
Le jeudi 17 octobre au matin, la mission RDI a rejoint le Centre Opérationnel Départemental (C.O.D) qui venait d’être activé par le préfet (2). Pendant toute la durée de l’épisode, la mission RDI a fait le relai entre le C.O.D et les syndicats de bassins versants, en charge de la mise en œuvre de la prévention des inondations. La mission RDI est notamment restée en contact direct avec le syndicat mixte du Gier Rhodanien (SyGR), qui était sur le terrain. Il nous a aidé à identifier, notamment sur les ouvrages de digues, la tenue et la surverse des ouvrages.
Crue du Gier à Givors le 18 octobre 2024 - crédit Lyon Drone Service
Sur le Gier, la gestion de crise n’a pas duré très longtemps ?
Le C.O.D. est resté activé en préfecture du jeudi 17 matin jusqu’au vendredi 18 octobre en fin de journée. Les crues du Gier sont très rapides et les décrues aussi.
Quels enjeux menacés avez-vous identifié à temps ?
Le COD a identifié une menace sur le quartier des Cornets par surverse de la digue des Cornets. La préfète a alors demandé au SDMIS (Service Départemental-Métropolitain d'Incendie et de Secours) de le faire évacuer.
Quel niveau de crue a été atteint sur le Gier ?
D’après les premières données de Vigicrues, la période de retour de l’épisode sur le Gier est située au-dessus de la crue d’occurrence 50 ans. Les partenaires locaux ont engagé une expertise post-crue pour caractériser de manière plus précise l’épisode de crues. La montée des eaux a été extrêmement rapide. On sait que cette crue a dépassé celles des crues précédentes de 2003 et 2008 en particulier. Le 1er pic de crue de la matinée du 17 octobre a d’abord été atteint sur l’aval du Gier, avant de se déplacer sur l’amont. Le second pic dans la nuit du 17 au 18 octobre a eu un comportement plus « classique » en se déplaçant de l’amont vers l’aval du Gier. La mission RDI est en attente des expertises locales en cours.
Evacuation chemin des Cornets à Givors (D.R.)
Plus en détails, comment votre mission RDI est-elle organisée ?
En heures ouvrables, notre mission RDI est assurée par le chef du Service Eau, Nature et Risques (SENR) de la DDT ou son adjoint, ou par mon adjoint ou moi-même. En heures ouvrables, l’unité PRN participe à la mission RDI : deux chargés de mission risques inondations de l’unité PRN sont « référents » RDI et en charge, hors période de crise, de l’élaboration et de la mise à jour des outils de la mission RDI.
Trois autres agents de l’Unité PRN viennent renforcer la mission et appuyer ces deux agents référents pour l’élaboration des « points crue » (prévue deux fois par jour suivant le déclenchement d’une vigilance jaune sur au moins un tronçon surveillé dans le département), ainsi que pour assurer un appui en cellule interne de back-office RDI en période de crise. Les deux chargés de mission référents RDI ont d’autres missions : ils sont en charge de l’élaboration et de la révision des plans de prévention des risques naturels d’inondation (PPRNi).
Hors heures ouvrables, notre mission RDI est assuré par la ou le cadre d’astreinte de la DDT.
Lors de l’ activation d’un COD, le chef de service ou son adjoint, ou mon adjoint ou moi-même apportons cependant un appui au cadre d’astreinte. La cellule back-office en DDT est quant à elle présente de 7h à 20h.
Cette organisation est spécifique à la DDT du Rhône, toutes les missions RDI ne sont pas organisées de cette façon. C’est celle qui a été suivie lors de l’épisode de crues des 17 et 18 octobre.
Quels sont vos principaux outils en période de crue ?
En plus de Vigicrues et des éventuels systèmes d’alerte locaux, nous utilisons les services Vigicrues Flash et APIC,et le site MétéoFrance pour les missions RDI. La mission RDI peut aussi s’appuyer sur le service de Contrôle et de Sécurité des Ouvrages Hydrauliques (SCSOH) de la DREAL, en cas de questions sur les ouvrages (systèmes d’endiguement...). En plus des cartes des zones inondables et des enjeux impactés pour les différentes occurrences de crues sur le réseau surveillé, nous disposons d’un annuaire des contacts des collectivités compétentes en gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations.
Sur le Gier, quels outils avez-vous utilisé ?
Le Gier fait partie des cours d’eau surveillés par le Service de Prévision des Crues, mais le dispositif de surveillance ne permet cependant pas d’assurer des prévisions de hauteurs d’eau aux stations de référence du Gier ; il s’agit de stations d’observations. La mission RDI utilise également le système d’alerte local et de prévisions SAPHYRAS qui a été mis en place par la métropole de Saint-Etienne.
Pour le réseau de cours d’eau non surveillé par Vigicrues, comment procédez-vous ?
Sur le réseau non surveillé par le SPC, nous utilisons les cartes des zones inondables pour la crue de référence (centennale en général) pour les secteurs couverts par des PPRNI. La mission RDI dispose de fiches de synthèse par bassin versant, qui signalent les principales communes impactées et les constats réalisés lors des crues historiques. Et bien sûr, nous avons les contacts et la liste des personnes d’astreinte chez les gestionnaires locaux. Ce sont des données qui doivent être régulièrement mises à jour.
Quelle piste d’amélioration voyez-vous sur le réseau non surveillé ?
Nous souhaitons poursuivre le travail coopératif avec les syndicats de bassin versant, identifier et localiser les points critiques en cas de crise inondation sur leur bassin versant. A plus long terme, un croisement des données d’inondabilité pour les différentes occurrences de crue et des enjeux permettra à la mission RDI de se doter d’outils plus performants permettant d’identifier les enjeux potentiellement impactés lors d’une crise inondations sur ces cours d’eau actuellement non surveillés. Le travail est conséquent, vu le linéaire du réseau non surveillé.
Le ministère de l’Écologie a engagé une évolution importante et ambitieuse du dispositif : offrir, à partir de 2030, une couverture totale du territoire par les services Vigicrues et adapter les services offerts en fonction des enjeux. Une surveillance étendue impliquera la poursuite des travaux de la mission RDI pour améliorer son niveau de service. La mission RDI a une logique d’amélioration continue de ses outils.
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La restitution de cette interview a fait l’objet d’une relecture avec quelques modifications par la DDT du Rhône.
Note 1 : Les directions départementales des Territoires (DDT) sont des instances interministérielles placées sous l’autorité du préfet de département. Elles sont chargées de mettre en œuvre les politiques d’aménagement et de développement durable des territoires.
Note 2 : Dirigé par le préfet, le C.O.D. est le principal organe départemental de gestion de crise.
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