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Île de Ré : l’insertion pour entretenir les digues

Article de journal


illustration Île de Ré : l’insertion pour entretenir les digues

Sur l’île de Ré, l’insertion par l’activité économique et l’entretien des digues vont de pair. C’est le fruit d’une collaboration entre la Communauté de communes de l’île de Ré et l’association AI 17 créée par le département de la Charente-Maritime.

« Tout est une question d’équilibre », estime Hervé Rault, le responsable de l’entretien des ouvrages digues et marais à la Communauté de communes de l’île de Ré. En 2007, il a restructuré l’organisation de l’entretien courant des digues, en s’appuyant sur la présence d’une structure d’insertion : l’association AI17, créée en 1995 à la Rochelle. Cette association faisait intervenir depuis plusieurs années des ouvriers en insertion pour des travaux d’entretien sur le littoral. « Nous avons 22 km de digues maçonnées, dont certaines n’étaient plus entretenues », explique Monsieur Rault. Fin 2024, une dizaine d’ouvriers se relaient au chevet des digues.

Travaux de maçonnerie
Ces travailleurs sont organisés en « brigades des digues », avec 6 ou 7 « sapeurs » qui sont encadrés par un salarié permanent. 47 semaines sur 52, ils sont ainsi à pied d’œuvre sur le littoral, sauf les vendredis et les week-ends, dans le cadre d’un contrat d’insertion de 25 heures. Le travail consiste à de la maçonnerie à la main. Chaque année, Hervé Rault inspecte les digues deux fois, au printemps et en hiver, ce qui lui permet d’élaborer un planning de travaux, en commençant par les secteurs les plus fragiles.

 

Crédit photo : CC île de Ré

 

Les ouvriers interviennent sur des tronçons classés et sur certaines digues « orphelines », qui ne sont pas intégrées dans un système d’endiguement, majoritairement des vieilles digues datant du 19ème siècle. « Les digues orphelines ont été dans le passé entretenues par les services de l’Etat, DDE à l’époque, mais elles ont ensuite été délaissées, jusqu’en 2008 », observe le responsable de la Communauté de communes. Avec l’alternance des marées et la survenue des tempêtes, les parements et le tiers bas des ouvrages s’usent, créant des fissures, des brèches ou des désolidarisations de pavés. L’entreprise AI17 intervient à la main, avec des truelles, des disqueuses et des bétonnières, pour resceller et rejointer les pierres, rebétonner les parements.

Compétences manuelles

Depuis 2008, il y a eu une montée en compétences. « Cela peut paraître simple, mais c’est du savoir- faire, il faut travailler en préservant ce patrimoine et selon des conditions maritimes et météorologiques parfois difficiles. On a dû faire des tests, puis on a trouvé les bonnes méthodes», explique le responsable. Il observe qu’il y a moins de brèches sur les secteurs qui sont entretenus. « On a vraiment commencé à voir l’impact positif des interventions autour de 2014. Avant 2010, nous avions des brèches beaucoup plus fréquentes qu’aujourd’hui ».

 


Crédit photo : CC île de Ré

 

Deux marchés complémentaires
La prestation d’entretien s’inscrit dans le cadre d’un marché annuel à bon de commandes, avec une clause d’insertion, renouvelable trois fois. En contractualisant ainsi avec l’association du chantier d’insertion, la Communauté de communes estime qu’elle ne paie pas plus cher qu’avec une entreprise classique. Et les brigades savent s’adapter, être réactives, grâce à l’expérience des encadrants. Pour des besoins d’entretien de plus grande ampleur, l’intercommunalité dispose d’un autre marché de travaux, avec des entreprises équipées d’engins de chantier, l’AI 17 se limitant aux bétonnières portables. C’est ici qu’intervient la notion d’équilibre dont parlait Hervé Rault.

Utilité technique et sociale

Intervenir sur les digues, ce n’est pas toujours un travail facile mais c’est formateur, estime le nouveau directeur d’AI 17, Bruno Acclément. A l’échelle de l’AI, qui emploie jusqu’à 250 personnes en insertion, principalement sur le continent pour l’entretien d’espaces verts, les brigades des digues restent une activité de niche, mais Bruno Acclément y voit une mission d’intérêt général et une activité valorisante pour les salariés. « C’est une activité que je souhaite amplifier, en développant plus de brigades. Nous avons un intérêt à aller vers des activités plus techniques », assure le directeur d’AI 17.

En moyenne, une brigade des digues de 6 personnes réalise 3500 heures de travaux annuels. En 2025, l’activité des deux brigades devrait représenter un budget d’environ 150.000 euros pour la Communauté de communes, sans compter le coût du matériel courant. « Si vous laissez passer deux marées, c'est un billet de 10.000 euros qui part tout de suite », justifiait Lionel Quillet, le président de la Communauté de communes de l'Ile de Ré, interviewé par France Bleu.

 

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