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Hérault : Montpellier inaugure l’aménagement hydraulique du Rieumassel
Article de journal
L’inauguration a eu lieu en octobre, 10 ans exactement après l’inondation majeure de 2014. A l’époque le Rieumassel, un cours d’eau intermittent et affluent de la Mosson, avait connu une crue exceptionnelle. Les pluies intenses, jusqu’à 292 mm en 6 heures, avaient entraîné son débordement (période de retour estimée supérieure à 200 ans) et un phénomène de ruissellement urbain intense. Sur la commune de Grabels, où la population est passée de 1000 habitants à 8600 depuis 1968, les dégâts ont été nombreux : 574 foyers sinistrés, 223 véhicules détruits... De quoi motiver les élus locaux pour planifier des travaux d’aménagement de protection contre les crues. L’objectif de protection retenu dans le cadre du PAPI 2 Lez-Mosson est la crue centennale du Rieumassel. C’est le projet qui vient d’être inauguré, pour un coût global de 4,8 millions d’euros.
Crue d'octobre 2014 (crédit photo : commune de Grabels)
Barrage de classe C
Le nouvel ouvrage remplace un précédent aménagement construit en 2009 et dimensionné pour 60.000 m3 de stockage temporaire. Erigé sur la même parcelle située en zone non urbanisée, il pourra contenir jusqu’à 160.000 m3 d’eau du Rieumassel. « Il est dimensionné pour une crue centennale et un débit de fuite fixé à 20 m3/seconde en sortie d’ouvrage, mais il n’agira pas contre les ruissellements urbains qui ont fortement contribués aux dégâts sur la Commune lors de la crue d’octobre 2014 », clarifie Vivien Nguyen Van, Ingénieur au Service GEMAPI / Unité Maîtrise d’ouvrage et gestion à la métropole de Montpellier. Le ruissellement urbain est adressé parallèlement, par les équipes de gestion des eaux pluviales, avec des aménagements spécifiques et une stratégie de désimperméabilisation.
Pour ce qui est de l’ouvrage de rétention, il s’agit d’un aménagement transversal assez classique, de type remblai en terre, ou barrage « poids », d’environ 100 mètres de long et 5 mètres de haut. Il est équipé d’un pertuis de fuite (dalot en béton de 2 mètres de large et 1 mètre de haut), avec un dispositif de « déversoir de sécurité » de 50 mètres de longueur en crête. Le barrage est plus bas d’environ 1 mètre sur cette partie, ce qui permet de maîtriser la zone de surverse en cas de dépassement de la capacité de rétention maximale (160 000 m3). Le parement en aval du déversoir est enroché, pour éviter son érosion en cas de surverse. Il aboutit sur une fosse de dissipation enrochée également.
Réglementairement, du fait de ses dimensions l’aménagement est à la fois soumis à la réglementation sur les aménagements hydrauliques et sur les barrages. Ce qui lui vaut d’être instrumenté.
Déversoir en fosse (crédit photo : Métropole de Montpellier)
Instrumentations
« Nous avons fait installer 3 piézomètres, que nous relèverons manuellement au moins une fois par an », poursuit Vivien Nguyen Van. Ces piézomètres sont installés dans un forage vertical gainé, à l’intérieur du barrage, pour suivre l’état de saturation en eau du remblai et prévenir le risque d’érosion interne. Une saturation, « on n’y croit pas trop », explique l’ingénieur, du fait que l’ouvrage sera la plupart du temps à sec, contrairement aux barrages hydroélectriques. Mais « le fait qu’il soit classé barrage impose un système d’auscultation, afin de suivre son évolution et les éventuels tassements ».
La métropole a aussi installé deux « split », des vis de géomètres géoréférencées, sises sur un dallage en béton, pour un meilleur suivi du tassement, qui est inévitable sur ce type d’ouvrages en terre.
Dernière instrumentation, celle qui mesure le remplissage et permet d’envoyer des alertes. Une station de mesure, alimentée par le réseau électrique cablé, permettra de suivre en temps réel le niveau d’eau dans le fond de la retenue, depuis le centre de supervision des cours d’eau de la Métropole. La station est également équipée d’un automate, programmé pour envoyer des alertes par SMS en cas d’atteinte des seuils de remplissage fixés par le gestionnaire. Elles seront envoyées au gestionnaire et aux personnes concernées par la mise en sécurité des biens et des personnes, dont le maire de Grabels en premier lieu. Pour ce qui est des seuils précis, ils vont être définis prochainement, pour être inclus dans le document d’organisation de l’ouvrage, qui sera établi au plus tard deux mois après la réception des travaux.
Dossier d’autorisation avec annexe barrage
Les aménagements hydrauliques (AH) nécessitent le dépôt d’un dossier de demande d’autorisation auprès des services de l’Etat (DDT et DREAL). L’AH de Rieumassel n’étant pas intégré dans un système d’endiguement, il a fallu déposer un dossier spécifique, avec notamment l’étude d’avant-projet (avant travaux) et l’étude de dangers (EDD). Quel retour d’expérience à ce niveau ? D’abord, l’EDD pour un tel ouvrage peut être assez légère, environ 50 pages dans le cas de Rieumassel. C’est ce que constate l’équipe GEMAPI de la métropole. Par contre, le fait qu’il soit classé barrage impose que sa conception respecte l’arrêté technique barrages, ce qui peut nécessiter des précisions spécifiques.
Parement amont (crédit : Montpellier Métropole)
Justifier du respect de l’arrêté barrages
Au cours de l’instruction du dossier Rieumassel, la DREAL (service SCSOH) a ainsi demandé que l’étude avant projet (AVP) comporte « l’ensemble des justifications du respect de l’arrêté technique barrages ». Or l’arrêté a été pensé surtout pour des barrages en hautes eaux (donc à charge permanente), remarque Vivien Nguyen Van alors que l’AH est conçu pour être à sec la majeure partie du temps. D’où des discussions un peu « décalées » ? Il a fallu par exemple envisager des murets anti-vagues, une résistance du déversoir à une crue décamillénale... Finalement, le service GEMAPI et son bureau d’études ont respecté les attentes des services de l’Etat sans grandes difficultés, en ajoutant tout de même une annexe « barrage » de 68 pages au dossier.
Bonne nouvelle pour la circularité
Lors de l’étude d’avant-projet, des sondages géotechniques sur le barrage préexistant ont identifié des sols calcaires en partie altérés, induisant un risque d’effondrement. Il était donc prévu de purger toutes les fondations de l’ouvrage à remplacer, autrement dit d’excaver 8000 m3, à remplacer par 10.000 m3 de terres nouvelles. Pourtant lors des travaux, qui ont débuté en avril 2024, des investigations complémentaires ont montré que ces terres pourraient être réutilisées sur place, après séchage. Contrairement à l’avant-projet, la grande majorité des terres du nouvel ouvrage proviennent donc du site, ce qui est une satisfaction pour l’ensemble des acteurs. Des économies ont pu être réalisées.
Elargissement du cours d’eau
La seconde grande composante du projet, intégrée dans le PAPI 2, est l’élargissement du Rieumassel en aval, sur cinq secteurs urbanisés de la ville de Grabels. Plusieurs goulets d’étranglement devaient être supprimés afin d’empêcher l’inondation des bâtiments et des habitations riveraines. Ce second volet a nécessité des acquisitions foncières (bouts de jardin surtout) auprès d’une quinzaine de propriétaires et la démolition de deux bâtiments.
Cette partie du projet correspond à un budget complémentaire de 810.000 euros. Sur le budget total, 40% est financé par la solidarité nationale (fonds de Prévention des Risques Naturels Majeurs FPRNM) et 20% par la région Occitanie.
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