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Entraîner ses équipes et les agents communaux : le Symadrem fait la crue
Retour d'expérience
Crédits photo : Symadrem
Sur le delta du Rhône, la surveillance des ouvrages de protection en période de crue mobilise le Symadrem, qui s’appuie sur des agents et bénévoles communaux. Les exercices de simulation sont d’autant plus nécessaires que les personnels changent.
« En 2016, nous n’avons pas eu besoin de simuler la crue, on l’a jouée en vrai », raconte Séverine Chardès. En tant que Cheffe de service exploitation et sûreté, Séverine Chardès a pu se réjouir : au Poste de Commandement, tout s’est bien passé. Les agents étaient sereins, pas de stress. La crue a été rapide, à 17H c’était fini. Un an plus tôt, le Symadrem avait organisé un exercice de terrain. La répétition a certainement contribué à décrisper les équipes, sur une mission, la gestion de crue, qui peut être lourde d’enjeux humains et matériels.
Plan de Gestion des Ouvrages en Période de Crues
C’est depuis 2011 que le Symadrem organise un exercice de gestion de crue, tous les deux ans. Ces simulations sont prévues dans le Plan de Gestion des Ouvrages en Période de Crue prévu dans le document de consignes et d’organisation. Dans la mesure où ils se déroulent sur le temps de travail des agents, sans moyens additionnels, ces exercices sont financés sur le budget de fonctionnement du syndicat.
L’exercice se déroule sur une demi-journée. Il concerne deux dispositifs : le Poste de Commandement central (PC) et sur le terrain, la surveillance des ouvrages de protection. Alors que le PC est à 100% constitué d’agents du Symadrem, la surveillance terrain mobilise à la fois les garde-digues du syndicat et des agents territoriaux des huit communes riveraines, auxquels s’ajoutent les réserves communales de sûreté, bénévoles. « Il peut y avoir un certain turn-over chez les participants des réserves communales, qui sont souvent des retraités. Un turn-over aussi chez les agents communaux. D’où l’importance de faire des exercices réguliers », explique Séverine Chardès. Ces exercices complètent les formations organisées auprès des interlocuteurs communaux du syndicat, une fois par an… Des formations qui ne touchent pas l’intégralité des agents communaux pouvant être mobilisés lors d’une inondation : agents des service cimetière, sports ou culture, par exemple, qui ne peuvent pas tous être présents lors de la formation annuelle.
Tester le Poste de commandement
Au poste de commandement, douze à quinze agents se relaient. « Nous faisons tourner les agents par séquence de 2 heures et par équipe de 3 à 5 personnes, sous la supervision du directeur du PC [en crue réelle, c’est le directeur du Symadrem et il est accompagné du directeur des opérations, qui est le président du syndicat] », explique Séverine Chardès. Les rôles sont bien définis : deux « correspondants équipe » sont les contacts radio avec les équipes de terrain, un « correspondant informatique et radio » surveille et coordonne le matériel, un « correspondant prévision de crue » surveille et transmet l’évolution des débits, à partir notamment du logiciel de surveillance du Symadrem. Un quatrième rôle a été créé, celui de « correspondant secours ». Son rôle ? Etre l’interlocuteur des communes des zones protégées, dès qu’il y a dépassement des niveaux de protection et du niveau de danger. Il est chargé d’envoyer les cartes de caractérisation des venues d’eau dans la zone protégée (en fonction des débits). Ces cartes ont été transmises aux communes début juillet. Mais en attendant leur appropriation et intégration dans les PCS, le correspondant secours restera au poste de commandement.
Entraîner les acteurs de terrain
Sur le terrain, les effectifs sont encore plus nombreux : jusqu’à une cinquantaine d’équipes peuvent être mobilisés, sur les 8 communes, sous la supervision des 7 garde-digues du Symadrem. Lors de l’exercice de 2020, 34 agents communaux et bénévoles ont participé. « Les communes participent sur la base du volontariat. En 2020, toutes ont participé », se réjouit la Cheffe de service exploitation et sûreté.
Deux jours avant le test, des marques au sol avaient été apposées par le Symadrem, figurant des désordres fictifs : infiltration d’eau claire ou boueuse, surverse ou fissure. L’exercice permet de vérifier les bons gestes : ne pas prendre sa voiture pour aller surveiller les ouvrages, car la vision d’en haut ne serait pas adaptée et cela pourrait être dangereux. Cheminer correctement en binôme, l’un en crête de digue, l’autre en pied si c’est possible.
Le choix du bon scénario
Tout exercice fictif demande un scénario. Conçu dès 2011, le scénario de montée de crue du Symadrem est désormais bien calibré. Il ne change pas d’une simulation à l’autre. « Au départ nous faisions l’exercice avec 3 hydrogrammes de crue différents, simultanément. Cela permettait d’avoir les équipes mobilisées sur tous les ouvrages à surveiller, mais c’était compliqué à gérer car nous avions pour une même heure, trois débits relevés et trois débits prévisionnels différents suivant les ouvrages », explique Séverine Chardès. Par la suite, le Symadrem a fait le choix d’un hydrogramme unique. Il est plus éloigné du réel, avec une montée du débit très rapide, plus simple à gérer en lors de l’exercice.
Tester les outils
En Camargue, la couverture mobile dans le delta n’est pas sans couture. De plus lors d’une inondation, un risque de saturation de réseau mobile n’est pas à exclure. D’où la décision du Symadrem d’équiper les équipes terrain d’appareils radio de type talkie-walkie, géolocalisables. Les entraînements servent aussi à rappeler la bonne utilisation de ces outils, en mode asynchrone. « L’appropriation a demandé un peu de temps », remarque Séverine Chardès.
Après chaque exercice, des améliorations graduelles sont intégrées, y compris sur les fiches écrites qui détaillent les procédures de gestion de crue. Pour les prochains exercices, plusieurs idées sont sur la table : simuler une coupure d’accès au serveur distant, par exemple, permettrait de s’entraîner à une gestion de crue en situation dégradée. Les simulations font donc l’objet d’une amélioration continue.
A l’unisson de Valence, le Symadrem insiste sur l’importance d’une certaine régularité dans ces exercices. Il s’agit de former les quelques nouveaux des communes et pour les habitués, une piqûre de rappel.
Dans ce dossier :
Simulation de crue : s'entrainer pour être paré
Réaliser des tests et des simulations pour être prêt le jour J : les gestionnaires de systèmes d’endiguement se préparent ainsi à affronter la crue ou l’inondation. Retours d’expérience.
A Valence Romans, les équipes en charge de la compétence Gemapi participent à des simulations tous les ans. L’agglo accompagne aussi ses communes adhérentes, pour se préparer à gérer une inondation.
Articles rédigés par Thibault Lescuyer, pour France Digues.
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